Et si nous faisions comme si nous n'étions pas encore revenus ? Et si nous effacions le présent, et prétendions être à Hanoï ? Un mercredi, à cinq heures de l'après-midi, par exemple, au début de notre voyage. Nous circulons dans les rues de la ville sur une Honda Dream II, nous venons de déambuler sur l'esplanade qui fait face au mausolée d'Ho Chi Minh, de visiter deux trois pagodes, nous longeons le bord d'un lac. Il y a un petit embarcadère sur on peut louer des petites barques.
Nous sommes sur une de ces barques. Elle est toute petite, à chaque mouvement les rames butent contre mes genoux, pliés bien haut. Autour de nous, des couples et des groupes de collégiens. Derrière Gwenola, assise face à moi, le ciel est étrangement bas. Un de ces gris bleus surnaturels, dont on n'imagine pas l'existence avant de les voir fondre sur nous. Je prends quelques photos, la lumière est si complexe qu'on croirait mes clichés pris en studios. Nous faisons coucou aux autres barques, je rame doucement.
Un petit bateau à moteur nous tourne autour. Il demande aux gens de rentrer. Et puis la pluie commence à tomber. C'est un chaos innocent autour de l'embarcadère, des barques qui s'entrechoquent, des rames qui se mêlent, il nous faut bien dix minutes pour accoster et mettre pied à terre. Entre temps, la pluie a pris des forces, est de plus en plus violente. On essaye tant bien que mal d'enfiler ces ponchos imperméables que nous avons acheté le matin même sur un marché, nous courons vers le même refuge que les autres.
Nous y voilà, sous un préau qui tient on ne sait comment au-dessus de l'eau. Quinze mètres carré, pas plus. Serrés les uns contre les autres, une quarantaine de collégiens vietnamiens, et nous. A une extrémité, trois échalas tiennent des parapluies ouverts pour protéger leurs camarades des rafales. A l'autre, des gamines s'enlacent et regardent l'orage en silence. Au milieu, ils sont surexcités. Alors on chantera Elisa pour eux, on échangera quelques mots de français, on les écoutera scander des refrains en vietnamien. Et puis, lorsque la pluie est un peu moins forte, tout le monde s'échappe en riant. Nous courons vers notre moto. On conduira doucement. Et dans une rue inondée, on la fera monter sur le trottoir, pour éviter de noyer le moteur.
Le fait que la folie se lie avec votre récit, m'enivre.
Je ne pensais pas les villes du vietnam si contrastées, comme un songe, dont les contours nous semblent encore floues. Le parcours en moto me paraît réellement intéressant, malgré la tonne de blagues qui s'en échappent, me donne le sentiment de devenir byker.
J'ai envie de visiter ce pays, de me dépayser d'un lieu trop commun, asceptisé finalement, et m'opposer à un garnement, aussi turbulent, on aurait envie de lui foutre une raclée, mais on ne pourrait s'empêcher de s'y attacher. C'est ça le vietnam. et c'est trop cool. Hop j'y vais des que mes exams sont finis.
Rédigé par : Dao Jean-Marc | 05.11.2004 à 18:49
Superbe texte... on y est... merci pour ce voyage, même virtuel!!! ;) ;) ;)
Rédigé par : Clandestina | 19.06.2004 à 20:42
Même en pensées,
Je reviendrais m'y ressourcer.
Rédigé par : gwenola | 17.06.2004 à 13:31
Très belles photos...
Rédigé par : rom | 17.06.2004 à 10:49
Le syndrome d'Ulysse... Tu as raison de rester un peu là-bas Chryde, il ne se passe rien d'intéressant ici...
Rédigé par : Gflu | 16.06.2004 à 20:52